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Interview Marianne Slot

Avec Marianne Slot
Productrice

Productrice frénétique et engagée, Marianne Slot, accompagne tous les films de Lars von Trier depuis 1995 et accorde une place particulière aux réalisatrices. Elle officiera au sein du Jury International lors de cette édition.

LUXFILMFEST Au-delà de votre collaboration avec Lars von Trier, vous soutenez un cinéma très indépendant et un grand nombre de réalisatrices. Quelles valeurs guident vos choix?

MARIANNE SLOT Le fait de travailler avec Lars von Trier depuis 1995 m’a façonnée artistiquement, a mis mon travail de productrice en perspective, a nourri mon intérêt et mon appétit pour l’art cinématographique innovant et les projets à la limite du cinéma conventionnel. Par ailleurs, c’est l’un de mes objectifs depuis mes débuts que de produire des films avec des réalisatrices afin de prendre une place qui n’a pas été donnée et pour laquelle il a fallu se battre. Mais ça ne dépend pas toujours du genre; Lars von Trier nous a également offert certaines des protagonistes les plus intéressantes et les plus complexes du cinéma, tout comme Benedikt Erlingsson avec son Woman at War, où figure la plus belle héroïne d’action de 50 ans.

LFF Vous avez occupé plusieurs postes d’envergures européenne et internationale – dont celui de Présidente de l’aide aux cinémas
du monde au Centre national du cinéma et de l’image animée (agence française publique de soutien au cinéma et à l’audiovisuel). En quoi ce positionnement est-il essentiel pour vous? ?

M-S. La diversité et la coopération internationale sont cruciales pour la préservation du cinéma et nous pouvons y parvenir en développant et en protégeant des initiatives telles que l’aide aux cinémas du monde, Eurimages et le World Cinema Fund. C’est un travail chronophage que de lire des centaines de scénarios, de visionner des films et d’évaluer des structures financières, mais c’est très enrichissant d’avoir un aperçu de ce qui se passe artistiquement, culturellement et politiquement à travers les meilleurs projets de films d’art et d’essai internationaux sur une période étendue. Depuis un an, je préside le Fonds européen de solidarité pour les films ukrainiens, lequel est constitué de 19 centres du cinéma ou ministères de la Culture issus de 16 pays dans le but de soutenir le développement et la finalisation d’œuvres cinématographiques ukrainiennes. C’est un positionnement qui a tout son sens en tant que citoyenne et professionnelle.

LFF En tant que productrice, vous approchez forcément les films sous un angle singulier. Comment abordez-vous cet exercice particulier
qu’est celui du jury?

M-S. Au moment d’entrer dans un jury, je laisse de côté toute opinion politique ou féministe. Un film peut avoir un sujet politiquement correct mais, au moment de le juger, c’est toujours l’expression artistique qui prime.

Propos recueillis par Laura Pertuy

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